Les communs en éducation

Ce sont des choses qui ne sont possédées par personne, mais qui sont partagées par tous. Elles ne relèvent ni du bien public, ni du marché. Elles n’existent qu’à partir du moment où une communauté décide de gérer collectivement une ressource dans une perspective d’équité et de durabilité. Que sont ces choses si singulières qu’elles échappent au vocabulaire courant ? Les communs sont la combinaison d’une ressource (l’eau, l’air, le savoir, l’éducation, internet, les logiciels libres), d’une communauté d’usagers, et d’un ensemble de règles sociales, de normes et de sanctions créées par cette communauté que l’on appelle les commoneurs. Dans un atelier présenté au Conseil général de la FEC-CSQ à Sorel, le 1er juin 2017, Louis Marchand et Grégoire Bédard jettent un bref coup d’oeil à la renaissance des communs et tentent de voir comment ils peuvent transformer notre rapport à l’éducation dans les cégeps.

La capsule vidéo (4 min.) suivante résume l’essentiel de la présentation.

Les nouveaux leaders

«On était dans une ère dictée par la croissance, la compétition, la gestion par la peur, la mobilisation par la peur. […] Les gestionnaires disaient : “Si tu ne performes pas, tu vas perdre ton emploi. On va transférer la production ailleurs.” On voit les conséquences qui en découlent sur l’environnement et la détresse psychologique. Il faut quitter le mode de la sélection naturelle pour la collaboration.»

À lire dans La Presse du 22 mai.

Une approche syndicale renouvelée

Avec la «nouvelle gestion publique», les valeurs et les modes d’opération de l’État sont largement inspirés du secteur privé et des principes néolibéraux. L’État va de pair avec le marché et ceci n’est pas sans conséquences sur l’éducation et sur la gestion du système éducatif. Dans ce contexte, où s’ajoutent les défis du monde contemporain (en termes d’environnement, d’énergie et de ressources), la communauté locale est appelée à jouer un rôle de premier plan. Le syndicalisme, comme acteur au sein de cette communauté, est amené à se transformer.

Le bureau syndical du SEECD estime qu’il pourrait être pertinent de renouveler l’approche syndicale en prenant appui sur le mouvement des Communs et sur les initiatives de Transition, où l’empowerment de la communauté et la démocratie participative sont des éléments essentiels. Cette perspective a été brièvement présentée dans les éditoriaux du bulletin syndical Panorama21 de février, mars et mai, de même qu’aux assemblées générales du 13 février et du 25 avril 2017. Cette approche sera discutée lors de la rencontre du 7 juin prochain, pendant laquelle il sera question d’un plan d’action stratégique local.

Un «commun» est constitué d’une ressource et d’une communauté d’usagers qui établit collectivement des règles de gouvernance de cette ressource. Le savoir, les connaissances, la pédagogie, les relations humaines et professionnelles, tout comme le cégep lui-même (comme organisation ou comme lieu physique) sont autant de ressources dont fait usage la communauté collégiale. De l’éthique à la pédagogie, en passant par la citoyenneté, l’environnement ou la technologie, la gestion commune s’articule autour de valeurs et de principes partagés par tous. Elle peut prendre autant de formes qu’il y a de groupes au sein de l’écosystème éducatif. Tout commence par l’engagement individuel et la volonté de coopération dans un objectif de bien commun. Dans cette perspective, le mouvement des communs place l’État dans une position nouvelle et se présente comme une vigoureuse alternative à l’appropriation privée par le marché.

Pour plus d’information sur les communs, il existe une documentation qui croit à chaque jour. Pour commencer, on peut lire le bref ouvrage d’introduction intitulé «La renaissance des communs» de David Bollier. Si vous êtes à l’aise à lire en anglais, nous vous suggérons le bref texte d’Ugo Mattei «First Thoughts for a Phenomenology on the Commons». Il existe aussi le livre «Commun» de Pierre Dardot et Christian Laval, dont Éric Martin de l’IRIS a fait un résumé intitulé «Du néolibéralisme au commun» (partie 1 et partie 2). Le SEECD a également produit une capsule vidéo sur les communs en éducation (adaptée d’une présentation) qui est disponible en ligne.

Concernant la pratique des communs, certains mouvements peuvent être très intéressants à observer. Parmi eux, on remarquera les Initiatives de transition qui cherchent à développer une approche holistique de la résilience des communautés. Ce sont des projets citoyens qui proposent des façons concrètes de s’organiser à petite échelle pour inspirer de grands changements, notamment en ce qui a trait aux défis que représentent les changements climatiques et la fin de l’ère du pétrole. Partout, des Initiatives de transition participent à créer le monde de demain avec une vision positive qui stimule l’engagement. On pourra consulter à cet effet le tout nouveau «Guide essentiel de la Transition» traduit en français. Pour quiconque désire aller plus loin, le «Manuel de Transition» (gratuit en anglais ici), de Rob Hopkins, largement inspiré des principes de la permaculture, est un ouvrage incontournable pour ceux qui désirent participer au changement dès aujourd’hui.

Veuillez confirmer avant le 1er juin si vous comptez participer à la discussion. Merci et bonne lecture !

 

Demi-journée de réflexion

Le bureau syndical tiendra une demi-journée de réflexion pour discuter de diverses préoccupations en vue de l’élaboration du plan d’action syndical, qui sera proposé en assemblée générale lors de la prochaine session. Nous aimerions aborder des sujets tels que l’autonomie départementale, l’implication et la collaboration (notamment dans les comités), la collégialité, l’autonomie professionnelle, l’environnement, etc. Cette rencontre fait suite à la présentation des objectifs généraux des 7 février et 25 avril derniers.

Comme nous souhaitons que ce plan reflète bien les préoccupations de la communauté enseignante, nous vous invitons à vous joindre à nous le mercredi 7 juin dès 9 h 30 h. La discussion prendra la forme d’un échange informel. Si un tel remue-méninges vous interpelle, nous vous demandons de confirmer votre présence avant le 1er juin.

Nous espérons vous y voir en grand nombre!

Cégep : les profs investis plus que jamais

La Fédération des enseignantes et enseignants de cégep (FEC-CSQ) tient à rétablir certains faits en réaction à l’article publié dans La Presse intitulé De plus en plus de profs délaissent l’enseignement à temps plein. « Cet article porte malheureusement à confusion à la fois sur l’engagement très important des profs de cégep vis-à-vis de l’enseignement et sur le programme de réduction du temps de travail. Ce ne sont pas les libérations qui mettent de la “pression sur le système”, c’est plutôt le système qui met de la pression sur les profs! », de déclarer Lucie Piché, présidente de la FEC-CSQ.

 

L’enseignement collégial, un exemple pour l’éducation supérieure

Rappelons que si le nombre d’enseignantes et d’enseignants qui obtiennent une libération de leur tâche d’enseignement semble important, cela ne reflète ni le temps réellement accordé, ni l’ampleur de la charge de travail à être fourni en contrepartie. « Plusieurs d’entre nous peuvent avoir plus d’un millier de notes à remettre par année, alors que d’autres ont jusqu’à dix cours à préparer. Affirmer que nous délaissons l’enseignement lorsque la direction accepte de nous décharger d’un cours ou deux pour mettre sur pied un centre d’aide à l’apprentissage ou à la réussite, mettre à jour un programme d’études, développer des outils pédagogiques, n’est tout simplement pas justifié », d’ajouter la présidente de la FEC-CSQ.

 

Une grande partie des montants accordés aux cégeps pour les libérations l’ont été hors négociation ou hors convention par le gouvernement lui-même pour développer les activités pédagogiques dans le réseau. Ce sont d’ailleurs les directions qui ont le plus de prise sur l’utilisation de ces sommes qui servent avant tout à soutenir la réussite des étudiantes et des étudiants dont celles et ceux en situation de handicap qui représentent environ 12 % de la population étudiante. Ce qui se fait au collégial dans le domaine est d’ailleurs pris comme exemple pédagogique pour l’enseignement supérieur au Québec.

 

La réduction volontaire du temps de travail, une économie pour les fonds publics

Concernant le programme volontaire de réduction du temps de travail (PVRTT), rappelons que cette disposition prévue à la convention collective date de l’époque de Lucien Bouchard et des ententes sur le déficit zéro. En permettant à des employées et employés du secteur public de réduire leur temps de travail sans être rémunérés, les établissements économisent en remplaçant par une personne dont le salaire est moins élevé en raison de son ancienneté et donc de son niveau dans l’échelle salariale. Le maintien de certains avantages sociaux est donc largement compensé. Dans un contexte où les cas d’épuisement professionnel se multiplient et que certains avancent même que le Québec est en état de « surmenage social » , notamment en raison de modes d’organisation du travail qui en demandent toujours plus, il n’est pas étonnant que plusieurs cherchent une manière de garder la tête hors de l’eau. « Sacrifier une partie de son salaire pour éviter de tomber en congé de maladie illustre bien l’ampleur de la surcharge que vivent bon nombre de professeures et professeurs », de préciser Lucie Piché.

 

« À l’occasion du 50e anniversaire des cégeps, plutôt que de dénigrer injustement le corps professoral, il serait plus constructif de valoriser sa contribution au dynamisme des établissements collégiaux et leur apport aux activités sociales et culturelles de l’ensemble des régions du Québec », conclut-elle.

La créativité

Un autre trimestre se termine. Le temps est venu de faire un bilan de nos activités pour voir où nous en sommes et où nous nous en allons.

L’engagement

Ce dernier numéro de Panorama21 présente, en majeure partie, les comptes rendus du travail fait par plusieurs comités où se sont impliqués des enseignantes et des enseignants durant l’année scolaire qui achève. On compte environ 25 groupes de tout ordre, allant de la communauté de pratique au comité paritaire, en passant par les comités syndicaux, les groupes d’action bénévole ou le conseil d’administration.

Ces comptes rendus, comme tous les textes courts, ne sont pas exhaustifs et ne couvrent pas tout ce qui a été réfléchi, débattu, organisé et mis sur pied. Mais ils offrent une vue d’ensemble qui permet de constater l’implication des enseignantes et des enseignants au sein de leur communauté.

Ces rencontres participent à tisser des liens entre les membres des différentes communautés. Elles favorisent l’engagement des enseignants et des enseignantes et dynamisent les relations au sein de l’écosystème éducatif. De plus, l’élaboration de plans d’action concertés recadre les lieux de décision à l’horizontale. Cette dynamique de l’engagement participe à l’autonomisation des communautés, elle favorise leur empowerment.

Les relations

Dans un processus constructif où la coopération entre les différentes instances est bien ancrée, la compréhension mutuelle et la collaboration sont des éléments de premier plan. Aujourd’hui, cependant, de manière générale, les choses ne sont pas encore rendues là. Il existe toujours des attentes silencieuses de part et d’autre, de la méfiance, des frictions et des situations qui révèlent parfois un choc des cultures. Le réflexe est de voir la confrontation comme une voie possible pour régler les conflits, alors que nous aurions avantage à ce que l’affrontement cède le pas à la coopération pour le bien commun.

L’imagination

Nous sommes dans une période de transition où il faut être imaginatif et créatif pour inventer de nouvelles façons d’aborder les différends qui nous opposent. Cette approche, quand elle ne se limite pas à une vision verticale de la hiérarchie et quand elle s’inscrit dans une perspective de co-création bienveillante au sein de l’institution, peut être un gage d’avenir.

Reste à l’inventer et à l’entretenir.