Manger bio, pourquoi pas ?

Qu’est ce que l’alimentation biologique ?

La culture biologique se distingue de la culture industrielle par ses techniques de production. Elle n’utilise ni pesticides, ni fertilisants ni semences génétiquement modifiées (OGM). La fraicheur des produits permet également une plus grande valeur nutritive. De plus, comme la production provient de la région, elle réduit de façon considérable les impacts négatifs du transport. Bien que la diversité soit évidemment plus grande à l’été, la production est rendue possible toute l’année puisqu’elle est réalisée en serres et en tunnels.

Une collaboration

Le SEECD pourrait développer une collaboration avec une coopérative de solidarité locale qui produit des légumes biologiques toute l’année. La coopérative est membre d’Équiterre et ses aliments sont certifiés biologiques par l’organisme Québec vrai. Notre collaboration serait à l’effet que le cégep pourrait servir de point de chute pour tous les employés abonnés. Enseignants, personnel de soutien, professionnels, cadres, tous auraient la possibilité d’être membres de la coop et de recevoir au cégep un panier de fruits et légumes biologiques. Le panier serait livré dès le lendemain de leur cueillette.

Comment ça fonctionne ?

Plusieurs forfaits sont possibles, selon les besoins des membres, allant du petit au grand panier, avec une variation de prix conséquente et une fréquence également variable. Chaque semaine, à heure fixe, un livreur déposerait les paniers identifiés au nom de chaque membre dans un espace prévu à cet effet au cégep. Les produits seraient propres et contenus dans des sacs réutilisables.

Panier CIHM-été 2015Le contenu de base se composerait de tomates, de laitue (kale et collard, bette à carde, mesclun, épinards) de fines herbes et de légumes racines (carottes, radis, céleri-rave, rutabaga, navet, rabiole). Divers autres légumes s’ajouteraient chaque semaine, selon les cycles : poivron, concombre, chou, courge, brocoli, chou-fleur, chou de Bruxelle, haricot, oignon, échalote, ail et fleur d’ail, céleri, poireau, zucchini, pousses de légume et diverses fleurs comestibles.

Ça vous intéresse ?

Nous aimerions savoir si ce projet vous intéresse avant de poursuivre notre démarche. Un minimum de membres est souhaitable avant de faire du Cégep un point de dépôt pour notre communauté. Ça vous intéresse ? Contactez-nous !

Journée pédagogique : un élan rassembleur

L’organisation de la journée pédagogique du 17 janvier prochain marque un changement de ton significatif avec les événements similaires des années précédentes. Les organisateurs insufflent une vision tournée vers l’avenir qui mise sur l’engagement de la communauté enseignante. Elle témoigne d’un élan résolument rassembleur. En effet, la journée thématique de cette année se veut «un grand rassemblement» envisagé comme le «jour 1» d’une aventure qui pourrait inspirer des «chantiers» à venir et donner «une impulsion au développement professionnel».

Rappelons les ateliers offerts :

Combattre les biais cognitifs en situation d’enseignement par Guillaume Beaulac (professeur adjoint au Département de philosophie de l’Université Concordia).

Déconstruction des neuromythes : pour une pédagogie compatible avec le fonctionnement du cerveau des élèves par Jérémie Blanchette-Sarrasin (sous la supervision de Steve Masson, professeur au Département de didactique de l’UQÀM).

Le pédagogue stoïcien ou l’art de résister à la pression qui nous empêche d’être heureux dans notre rôle d’enseignant par Dominic Fontaine-Lasnier (enseignant au Département de philosophie du Cégep de Drummondville).

Google, une réponse à tout? par Jean-François Fortin (bibliothécaire professionnel, spécialiste en moyens et techniques d’enseignement au Cégep de Drummondville).

La conception universelle des apprentissages (CUA) en classe par Laure Galipeau et Catherine Soleil (enseignantes au Département de français au Dawson College) et Effie Konstantinopoulos (conseillère pédagogique au Dawson College).

Entre liberté individuelle et éthique professionnelle : comment s’y retrouver? par Manon Perreault (conseillère en ressources humaines agréée).

Lier l’intégration des technologies à la réussite éducative des apprenants: 20 stratégies pédagogiques par Thierry Karsenti (titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les technologies de l’information et de la communication (TIC) en éducation).

Les sciences cognitives : comment les appliquer dans ma classe? par Jordan Raymond-Robidoux (enseignant au Département de philosophie au Cégep de Drummondville).

Principes et conditions de réussite de l’éducation inclusive par Nadia Rousseau (professeure au Département des sciences de l’éducation de l’UQTR).

La journée commence à 8h. Au plaisir de vous y rencontrer !

Remettre l’éducation sur les rails

Une douzaine de signataires, retraités de l’enseignement, a publié, dans Le Devoir du 6 janvier, un  texte intitulé «Cinq propositions pour remettre l’éducation sur ses rails». Les auteurs proposent de :

  1. réaffirmer les finalités historiques de l’instruction publique;
  2. cesser le financement public des écoles privées et refuser la sélection sociale par les filières d’élite dans le public;
  3. reconnaître le travail des enseignantes et des enseignants en augmentant leur autonomie professionnelle, leur reconnaissance sociale et leur salaire;
  4. revoir les contingentements dans les programmes d’éducation préscolaire et d’enseignement primaire et secondaire, et hausser les critères d’admission;
  5. refuser d’entonner la litanie ministérielle de la réussite éducative et d’avoir recours à la notion d’excellence en éducation en lieu et place d’une réflexion sur les causes et les solutions aux problèmes du système d’éducation.

Le texte est également appuyé par une quinzaine d’autres enseignants.

Une nouvelle bibliothèque

Le 17 décembre, les gouvernements fédéral et provincial ont annoncé qu’ils allaient consacrer conjointement 730 millions de dollars à 101 projets de rénovation, d’agrandissement et de construction dans des cégeps et des universités du Québec. Ainsi, le gouvernement fédéral investira 385 millions, tandis que le gouvernement québécois 345 millions dans les établissements d’enseignement supérieur pour la recherche et l’innovation.

La Fédération des cégeps a annoncé de son côté qu’« une quarantaine de projets soumis par des cégeps sont ainsi soutenus, dans toutes les régions du Québec, ce qui aura pour effet de permettre à ces établissements de moderniser leurs installations afin qu’elles soient davantage à la fine pointe. »

La direction du Cégep de Drummondville a confirmé l’information à savoir que les «deux projets présentés dans le cadre du Fonds d’investissement stratégique (FIS) pour les établissements postsecondaires ont été retenus par le gouvernement fédéral [permettant ainsi] la modernisation de la salle Georges-Dor et du Centre d’apprentissage intégré (CAI).» La direction rappelait également qu’avant d’entreprendre les travaux, elle allait procéder «à une consultation de divers intervenants à l’interne afin de bien identifier les besoins [et qu’une] campagne d’information auprès des membres de la communauté collégiale [serait] également mise de l’avant.» Rappelons qu’un groupe de réflexion sur le réaménagement du CAI a déjà été créé et que des enseignants en font partie. Le SEECD suivra le projet avec grand intérêt.

Enfin, selon le journal Le Devoir, il semblerait que «la ministre David a demandé aux cégeps et aux universités de rester discrets au sujet des 101 projets d’infrastructures qui ont été retenus par Québec et Ottawa.» Également, le journal indique que : «La ministre de l’Enseignement supérieur, Hélène David, compte dévoiler au cours des prochaines semaines les initiatives appuyées par les gouvernements Couillard et Trudeau. Elle compte multiplier les «bonnes nouvelles» dans toutes les régions à compter du mois de janvier.»

La direction du cégep, quant à elle, note qu’ «une annonce locale est maintenant à prévoir en début d’année 2017, en présence de Mme David.»

Le système éducatif finlandais

Le système éducatif finlandais est à contre-courant de bien des réformes réalisées ailleurs dans le monde ces dernières années. Il a fait l’objet de nombreuses études et ouvrages dont on peut tirer des conclusions fort intéressantes. À ce sujet, une série de quatre articles a été publiée dans Panorama21, le bulletin de la communauté enseignante du Cégep de Drummondville. Ces articles sont maintenant disponibles sur le site du Magazine PICbois :

1) École fondamentale
2) Enseignement
3) Organisation
4) Pistes d’avenir

L’école à l’examen (8/8)

Décrochage scolaire, formation des enseignants, besoins éducatifs de la société québécoise : le quotidien Le Devoir se penche sur ces questions dans une série de 8 textes intitulée L’école à l’examen, publiée du 23 novembre au 1er décembre 2016.

Le dossier s’ouvre avec le professeur Claude Lessard, ex-président du Conseil supérieur de l’éducation dans une entrevue intitulée «Notre système ressemble à un gros millefeuille», dont voici un extrait :

«Comme ministre, je ferais donc de la réduction des écarts de qualité entre les écoles ma priorité, et je chercherais des moyens efficaces pour augmenter la mixité sociale et scolaire. […] J’articulerais aussi à cette priorité une stratégie d’alphabétisation des adultes, car ces adultes ont des enfants… […] Si l’éducation demeure le meilleur investissement que peut faire une société dans son avenir, au-delà du niveau de ressources nécessaires, il y a aussi leur allocation aux bonnes priorités, ainsi que l’organisation du travail des professionnels de l’éducation qui sont importantes. […] Je propose que l’on explore la possibilité de mettre sur pied au cégep un programme préuniversitaire de culture générale pour les futurs enseignants ; je n’en ferais pas la seule voie d’accès à la formation des maîtres universitaires, mais je l’offrirais à celles et ceux qui voudraient élargir leur culture générale avant de commencer une formation universitaire spécialisée. Cela serait utile, notamment mais pas exclusivement, pour les futurs enseignants du primaire. À l’université, j’offrirais des baccalauréats bidisciplinaires de trois ans, complétés par une maîtrise professionnelle de 45 crédits et pouvant être réussie en un an à temps plein, construite en étroite collaboration avec les commissions scolaires et essentiellement vécue sur le mode de l’alternance. […] Je m’assurerais à toutes les étapes de ce continuum — fin du cégep, fin du baccalauréat et fin de la maîtrise — que les futurs enseignants maîtrisent à l’oral comme à l’écrit la langue d’enseignement. N’oublions pas qu’un enseignant parle constamment en classe ; son efficacité pédagogique est liée à la qualité de la langue qu’il utilise en classe. Ces exigences relevées vont de pair avec une rémunération et une autonomie professionnelles plus grandes. La qualité des maîtres est la variable la plus importante en éducation. Plus ils seront compétents, moins on aura à se soucier de systèmes, de dispositifs et de programmes pour les surveiller et pour réguler leur enseignement.»

Le deuxième article, intitulé «Les réformes, je n’en peux plus», exprime le point de vue de madame Françoise Marton Marceau, ex-directrice d’école. On peut y lire ceci :

«Je favoriserais une vraie autonomie des écoles, y compris pour l’embauche des enseignants par la direction et les conseils d’établissement. Il faut hausser les salaires des enseignants. Ils sont sous-payés. Et si on donne de l’autonomie aux écoles, elles devraient être mieux gérables. […] En plus, j’abolirais tous les examens d’entrée à toutes les écoles, publiques ou privées. Je réserverais les examens d’évaluation pour les fins de parcours du primaire et du secondaire. […] Et puis, j’accorderais une attention à l’architecture des écoles et à l’aménagement des classes. Il est important que les enfants soient plus en contact avec la nature et qu’ils évoluent dans des classes mieux adaptées aux nouvelles pratiques pédagogiques. […] Je pense surtout qu’il devient essentiel de développer une sélection autour des habiletés à avoir comme enseignant. Il faut par exemple examiner la capacité créatrice, mais aussi les habiletés à communiquer, à travailler en équipe, à être empathique. […] Je favorise une année complète auprès d’un mentor. Je crois beaucoup au mentorat dans mon métier. Je mentionne un dernier point de la formation qui concerne la culture et l’ouverture à la culture. […] Mais d’après moi, on ne peut réduire les problèmes du système au seul manque de ressources. Il y a aussi le manque de temps pour réfléchir collectivement sur l’école. Il faut donner du temps aux enseignants, aux professionnels, aux directions pour réfléchir ensemble à ce qu’ils font ensemble. Une école n’est valable que si elle demeure cohérente dans son système.»

Le troisième texte intitulé «On emploie des enseignants, pas des robots» est une entrevue avec madame Margarida Romero, spécialiste de l’intégration des technologies en éducation. Elle déclare :

«[Il faudrait] donner le goût et de développer la culture de l’innovation à l’ensemble des acteurs éducatifs. […] Il faut aimer innover, changer la recette, faire des essais, collaborer avec d’autres personnes, s’enrichir par du réseautage, s’ouvrir pour pouvoir intégrer les aspects de nouveautés. […] Il faut repenser l’école pour que les enseignants, les parents puissent développer des projets qui fassent sens dans leur contexte. Qui soient pertinents et propres à chaque école. Que chacun ait le goût d’innover en tenant compte de sa communauté et ses spécificités. […] Je pense qu’il faut redonner, à un niveau plus local, l’occasion d’aller beaucoup plus loin dans leurs idées, dans leurs projets et aussi dans la diversité. […] Les journées pédagogiques, c’est quelque chose qui n’existe pas ailleurs. Il y a des enseignants qui ne prennent pas ça assez au sérieux et ne les utilisent pas à leur juste valeur. Il y a plein, plein de ressources. [La formation des maitres] est encore dans une approche trop disciplinaire. On forme d’une manière trop traditionnelle. Ça fait en sorte que le goût pour l’innovation n’est pas assez développé chez les enseignants. […] Il faut leur dire que ce n’était que l’épisode initial, que maintenant, on espère qu’ils continuent à se former.»

La série se poursuit avec une entrevue tenue avec avec Michelle Sarrazin, directrice des services pédagogiques au Collège Jean-Eudes, dans ce quatrième texte intitulé Les examens «responsables d’une bonne partie du décrochage scolaire» :

«Développer des méthodes de travail efficaces, exercer son jugement critique, coopérer, communiquer de façon appropriée, mettre en oeuvre sa pensée créatrice, résoudre des problèmes et exploiter les technologies de l’information et de la communication : voilà nos véritables compétences transversales ! […] Sans l’ombre d’un doute, il faudra, par exemple, donner les moyens aux écoles de faire le virage numérique, qui ouvre l’esprit des jeunes à toutes les possibilités, qui les met en action et qui leur donne prise sur le monde, sur leur monde. Surtout, il faut accompagner les directions d’école et les enseignants pour qu’ils s’engagent, résolument, dans leur formation continue, qu’ils soient toujours à la fine pointe de la recherche en éducation, des nouvelles approches pédagogiques, des nouveaux outils à leur disposition. […] Ce qu’il faut, surtout, c’est se donner les moyens d’attirer les meilleurs candidats aux postes d’enseignement : des jeunes gens cultivés, curieux, articulés… Et faire la sélection à la base, comme pour les médecins ! Après tout, les enseignants contribuent à former les esprits ! Et devant tous les défis éthiques, philosophiques, politiques, scientifiques et autres qui attendent l’humanité, nous aurons besoin des meilleurs ! Il faut redonner à l’éducation la place qui lui revient.»

Le cinquième texte est une entrevue avec Normand Baillargeon intitulée «Je ne peux m’empêcher de rappeler le travail de la commission Parent», dont voici un extrait :

«Sans hésiter, ce serait de mettre sur pied ce que j’appellerais une commission Parent 2.0. […] Son mandat serait d’abord de combler cette carence conceptuelle, je veux dire philosophique et normative, qui est la nôtre 50 ans après Parent et après le détournement des États généraux du milieu des années 90. Pour cela, il lui reviendrait d’abord de préciser ce que collectivement nous entendons être l’éducation et les fins qu’elle doit servir. Son mandat serait ensuite de dresser un état des lieux à la lumière de ces finalités. […] Le fait que notre système d’éducation se soit voulu public, une réalité qui est aujourd’hui menacée, est sans aucun doute à préserver et à enrichir. De même, partout où il subsiste, cet idéal d’éducation entendu comme mise en contact avec des savoirs fondamentaux dans le but de rendre une personne autonome et de la préparer à l’exercice d’une véritable citoyenneté par laquelle chacun est un gouvernant en puissance, cela aussi me semble un autre acquis crucial et à préserver. Mais il est lui aussi menacé, à preuve ces attaques contre la formation générale au cégep et, plus généralement, une certaine tendance à l’instrumentalisation de l’éducation. Sur le plan des institutions léguées par Parent, les cégeps et les universités du Québec me semblent, eux aussi, des acquis infiniment précieux. […] [Enseigner] n’est pas seulement un métier ou une profession : c’est une vocation la plus noble qui soit, ceci en raison de la forte portée normative de cette activité. Nous devons aux personnes qui l’exerceront une formation de la plus haute qualité qui soit, avant de leur devoir une reconnaissance collective à la hauteur de leur tâche, laquelle s’exprimera aussi par des conditions de travail enviables. […] Mais ce souhait, comme les autres que j’exprime ici et à commencer par celui d’une commission Parent 2.0, rien de tout cela ne sera possible sans une forte demande du public.»

L’article suivant, le sixième, est une entrevue avec le sociogéographe Michel Perron, de l’UQAR, qui est aussi membre fondateur du Groupe d’action sur la persévérance et la réussite scolaire du Québec. Le texte a pour titre «Le Québec a besoin d’une véritable politique nationale en éducation». Voici des extraits :

«Les deux mots qui seraient au coeur de mon discours, ce serait territoire et conditions de vie des élèves. Un virage doit être pris pour que le système d’éducation soit moins bureaucratique et plus adapté, mais surtout plus adaptable aux réalités territoriales. Le Québec, c’est un immense territoire avec des fractures sociales, économiques, culturelles et territoriales dont on ne tient pas beaucoup compte en éducation. Les besoins diffèrent d’une région à l’autre, mais également d’un quartier à l’autre, surtout dans les milieux urbains. De ce mandat principal, je ferais deux chantiers : d’abord revoir le mode d’allocation des ressources pour tenir compte des réalités de terrain comme on le fait dans le domaine de la santé par exemple, et  donner plus de pouvoir aux écoles et plus d’autonomie aux chefs d’établissements. Il faut mettre fin à la vision électoraliste et à court terme que nous avons depuis vingt ans. Depuis 1996, je crois que j’ai rencontré les 19 ministres de l’Éducation qui se sont succédé. Le Québec a besoin d’une véritable politique nationale en éducation. Je comprends que ce que le ministre fait, c’est un pas dans la bonne direction [mais] il faut que ça s’inscrive dans une démarche plus large. Avec le groupe d’action sur la persévérance scolaire, on travaille justement à lancer une politique nationale en éducation au Québec, une politique élaborée sans partisanerie politique et proposée par la société civile avec l’appui de tout le milieu. […] Enfin, dans les travaux récents, on s’aperçoit que la distance au cégep le plus proche est aussi un facteur de diplomation au secondaire. Quand les élèves savent qu’il y a un cégep près de chez eux, ça les encourage à poursuivre leurs études. C’est une preuve de plus, s’il en fallait une, qu’il faut absolument que notre réseau des cégeps soit maintenu. [Il] faut travailler sur la formation continue des professeurs parce que les connaissances avancent rapidement. Il faut absolument permettre aux professeurs de se renouveler pour pouvoir innover, ce qui suppose des mécanismes avec du financement. Il faudrait également favoriser le mentorat pour les professeurs du primaire jusqu’à l’université. […] Beaucoup de jeunes professeurs découvrent la complexité des conditions de vie des élèves quand ils arrivent sur le marché du travail, et là, il y a un choc culturel.»

La septième entrevue est réalisée avec Mathieu Côté-Desjardins, ancien enseignant au primaire. L’article est intilulé «L’éducation comme un moteur de société». En voici quelques extraits :

«[Il faut] démontrer simplement et efficacement la mystification qui s’est faite par le ministère de « la déséducation » depuis les dernières décennies. […] J’engagerais l’ancien professeur Pierre Demers, qui est l’auteur d’une série en quatre tomes sur l’éducation humanisante. Il propose d’utiliser l’éducation comme un moteur de société. Il explique comment bâtir du sens nous ramène à la racine de ce qu’est « éduquer » pour avoir un impact autant dans la famille que dans la société. Il faudrait en outre complètement revoir la formation des maîtres. […] Peu importe la quantité d’argent lancée au problème, tant qu’on ne retourne pas à la racine de ce qu’est « éduquer », on ne peut rien vraiment accomplir qui vaille quelconque mention. Je parle, par exemple, de retrouver une sensibilité pour l’enfance, sur ce que cela signifie pour la vie et l’importance de la vivre pleinement, de préserver à tout prix la capacité d’émerveillement des enfants, de donner tout l’oxygène nécessaire à la créativité et à l’imaginaire des jeunes, ou encore de cesser ce génocide de « génies » dans les écoles, etc. […] D’abord, un système de sélection sur la base de notes scolaires ne devrait même pas être considéré, ni même être perçu comme novateur. Au contraire, il s’agit d’un moyen on ne peut plus obsolète, tout comme son diplôme qui suivra, ce qui laisse passer entre ses mailles beaucoup… beaucoup trop d’individus n’étant point dignes d’être en contact avec des jeunes. […] De plus, il faut s’assurer que le système favorise les « maîtres » ayant un grand sens critique, tout en ayant une d’ouverture d’esprit considérable. Ces deux axes sont primordiaux. Actuellement, le système scolaire nourrit, entretient et protège le contraire, et ce, à tous les niveaux.»

La dernière rencontre a lieu avec Lise Bisonnette, ancienne directrice du journal le Devoir et fondatrice de la Grande bibliothèque, dans un article intitulé «Pour arriver à une compréhension du monde», où l’on peut lire les extraits suivants :

«Nul ne devrait être admissible au titre de ministre de l’Éducation sans pouvoir, à huis clos et sans aide, exprimer sa conception de la lutte contre l’ignorance contemporaine. […] Nous avons ainsi obtenu, sans tableau blanc, une leçon magistrale pour ministre : l’éducation n’est pas un simple outil de développement économique et d’accès à l’emploi, elle devrait être une démarche pour arriver à une compréhension du monde, de son histoire, de son présent et de sa destination. Et nul ne devrait être admissible au titre de ministre de l’Éducation sans vouloir proposer ou imposer à son gouvernement l’obligation première de reconnaître formellement qu’on éduque pour éclairer, et non pour fournir du travail de cadre ou d’ouvrier dans une cimenterie soumise aux aléas du libre-échange avec les États-Unis. […] Quand on accepte la charge de gouverner, ce n’est pas pour faire arriver les trains à l’heure ou, en éducation, pour obtenir des résultats présentables aux tests internationaux. La raison d’être de l’État, c’est d’empêcher la loi du plus fort de régir la vie en société. Nous naissons tous égaux, certes, mais les inégalités s’installent dès notre premier souffle. Le système d’éducation est la première ligne de résistance à cette adversité, qui n’est pas une fatalité. […] La tâche de l’école n’est pas d’abord de multiplier les sorties en vue de former les futurs consommateurs de produits culturels, comme le réclame un milieu associatif affamé. Elle est de donner accès, d’offrir en propriété, les références culturelles, scientifiques, historiques qui permettront à chacun de penser sans recourir au téléphone. […] L’éducation devrait être la première dépense de l’État, la santé accapare tout faute d’éducation. Efficacement socialisés par le langage de la rigueur et de l’austérité, nous cherchons pourtant à éloigner de nous le calice de la dépense et, dociles, à nous prescrire de faire mieux sans avoir plus. En attendant un revirement improbable de l’ordre des priorités, il faut dénoncer les ravages scandaleux de la pingrerie durable.

L’éducation : une solution à prioriser

Dans l’édition du 30 novembre 2016 du quotidien Le Devoir, Bernard Tremblay, président-directeur général de la Fédération des cégeps, écrit que «ce n’est pas parce que nos dirigeants réitèrent constamment l’importance de l’éducation dans leurs propos que celle-ci se maintient toujours en tête des priorités des citoyens et du gouvernement.» Pour lui, il est temps de passer de la parole aux actes. M. Tremblay ajoute :

«La démonstration n’est plus à faire : l’éducation est la solution à plusieurs problèmes actuels et futurs. Pauvreté, exclusion sociale, problèmes de santé et problématiques sociales, entre autres, trouvent une grande partie de leurs solutions dans l’éducation. […] Pourtant, malgré tout cela, les choix budgétaires des dernières années ont fait excessivement mal. Les cégeps ont pour leur part écopé de compressions totalisant 155 millions de dollars et le réinvestissement issu du dernier budget et de la récente mise à jour économique ne représente qu’une réponse très partielle aux problèmes croissants qui affligent notre système d’éducation. Tout ne passe pas par l’argent, mais cessons de dire qu’on peut faire mieux avec moins ! […] Devant cette multiplicité d’enjeux, l’éducation doit non seulement être une priorité gouvernementale, elle doit aussi être portée par tous les acteurs de la société. Si tous les parents, les employeurs et les acteurs sociaux unissent leurs voix pour la valoriser, nous retrouverons possiblement cette valeur partagée et ferons face aux besoins qui s’annoncent avec la nouvelle révolution industrielle qui est à nos portes.»

La ministre «investit» au cégep

Dans une récente entrevue publiée hier dans le journal Le Devoir, la  ministre responsable de l’Enseignement supérieur, Hélène David, indiquait que le gouvernement Couillard allait remettre 12 millions de dollars dans les cégeps et les université de la province pour le 31 mars prochain. Cette somme qui devrait être consacrée en majeure partie aux cégeps, pour répondre aux besoins en «formation continue et en formation d’appoint», prévient la ministre. Cette dernière formation est destinée «aux nouveaux arrivants qui doivent parfaire leurs connaissances afin d’exercer leur profession ou leur métier». On peut lire également :

«La ministre veut aussi investir davantage dans les AEC. Elles offrent à des étudiants la possibilité d’obtenir une formation technique spécialisée sans passer par la filière du diplôme d’études collégiales (DEC) qui requiert trois années d’études. […] Hélène David se dit partisane des cégeps et de la formation générale en français et en philosophie, même pour le cégep technique. […] Mais elle se dit ouverte à certains assouplissements pour favoriser l’accès aux formations courtes. […] Sa troisième priorité porte sur les « petites cohortes » dans les cégeps en région. Déclin démographique oblige, plusieurs cégeps pourraient abandonner certaines formations parce que le nombre minimal d’étudiants n’est pas atteint. La ministre entend abaisser les seuils des cohortes, ce qui implique des coûts, afin de permettre aux cégeps de garder des étudiants qui, autrement, quitteraient la région.»

Guy Rocher appelle à une profonde réforme en éducation

Le sociologue Guy Rocher, ex-membre de la commission Parent, réagit au rapport du Conseil supérieur de l’éducation. Dans une lettre ouverte publiée dans le quotidien Le Devoir, intitulée «Une profonde réforme s’impose en éducation», on peut lire :

«Le CSE est-il trop critique ? En demande-t-il trop ? Je ne le crois pas, au contraire, des enseignants se sont déjà engagés sur cette voie, et d’autres attendent qu’on les y invite. De toute façon, par définition, un virage pédagogique ne se fait pas sans les enseignants, encore moins contre eux. Il faut plutôt qu’ils soient associés à sa conception comme à sa réalisation. Ce sont plutôt des valeurs d’équité et de justice auxquelles il faut revenir, pour contrer un climat généralisé dans la société d’aujourd’hui de marchandisation et de consommation de l’éducation, comme tout le reste.»

M. Rocher conclut : «Il faudrait donc que de nombreux enseignants et beaucoup de parents aient en main cet important Rapport 2015-2016 du Conseil supérieur de l’éducation».

L’éducation, un bien commun ?

Irina Bokova, Directrice générale de l’UNESCO, estime que

«l’éducation doit enseigner comment vivre sur une planète sous pression. Elle doit viser l’alphabétisation culturelle, sur la base du respect et d’une dignité égale pour tous, et contribuer à tisser ensemble les dimensions sociale, économique et environnementale du développement durable.»

C’est dans cette optique de développement que

«l’éducation et le savoir doivent être considérés comme des biens communs mondiaux. Cela signifie que la création des connaissances, leur contrôle, acquisition, validation et utilisation sont communs à tous les êtres humains en tant qu’effort collectif social. La gouvernance de l’éducation ne peut plus être séparée de la gouvernance du savoir.»

Voilà les principaux enjeux que pose l’UNESCO dans le document «Repenser l’éducation; vers un bien commun mondial?». Cette réflexion pose d’importantes questions sur les enjeux de l’éducation au XXIe siècle. Dans le contexte actuel, où les sociétés sont en pleine transformation, quels sont nos besoins et quelles devraient être les finalités de l’éducation? Comment celle-ci devrait-elle être organisée?

Il s’agit de notre avenir commun. Et l’avenir commence ici maintenant. Localement, dans notre cégep, comment peut-on faire valoir et protéger ce bien commun et comment peut-il être organisé? Voilà un important chantier qui mérite d’être entrepris.

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