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Éducation : oser choisir le bien commun

Dans un texte publié dans le journal Le Devoir le 9 septembre 2017, une maman s’interroge, en ce début d’année scolaire, sur le parcours qui attend son jeune enfant au sein de l’école québécoise. Ainsi, Anne-Marie Boucher jette un regard de sociologue sur «la ségrégation scolaire», fruit d’une triste «inertie collective» qui alimente le «déni de solidarité» et «la loi du plus fort» autant qu’elle s’en nourrit. Résultat : un sacrifice du «bien commun» qui perpétue les inégalités sociales :

« Dans ce contexte de différenciation croissante entre les établissements, les parents se heurtent au monde de la compétition : soit ils optent pour le cheminement « régulier », qui n’a plus rien à voir avec la classe ordinaire des années 80, soit ils contournent l’école ordinaire et envoient leurs enfants dans un projet particulier sélectif ou dans une école privée subventionnée.»

Madame Boucher ajoute que «ce glissement se poursuit sans que notre ministère de l’Éducation agisse, alors que cette situation ne peut avoir comme dénouement qu’une décision politique, raisonnable et courageuse». Le « libre choix» de l’école ne laisserait-il aux parents que la possibilité de «baisser les bras et de détourner le regard» ?

La créativité

Un autre trimestre se termine. Le temps est venu de faire un bilan de nos activités pour voir où nous en sommes et où nous nous en allons.

L’engagement

Ce dernier numéro de Panorama21 présente, en majeure partie, les comptes rendus du travail fait par plusieurs comités où se sont impliqués des enseignantes et des enseignants durant l’année scolaire qui achève. On compte environ 25 groupes de tout ordre, allant de la communauté de pratique au comité paritaire, en passant par les comités syndicaux, les groupes d’action bénévole ou le conseil d’administration.

Ces comptes rendus, comme tous les textes courts, ne sont pas exhaustifs et ne couvrent pas tout ce qui a été réfléchi, débattu, organisé et mis sur pied. Mais ils offrent une vue d’ensemble qui permet de constater l’implication des enseignantes et des enseignants au sein de leur communauté.

Ces rencontres participent à tisser des liens entre les membres des différentes communautés. Elles favorisent l’engagement des enseignants et des enseignantes et dynamisent les relations au sein de l’écosystème éducatif. De plus, l’élaboration de plans d’action concertés recadre les lieux de décision à l’horizontale. Cette dynamique de l’engagement participe à l’autonomisation des communautés, elle favorise leur empowerment.

Les relations

Dans un processus constructif où la coopération entre les différentes instances est bien ancrée, la compréhension mutuelle et la collaboration sont des éléments de premier plan. Aujourd’hui, cependant, de manière générale, les choses ne sont pas encore rendues là. Il existe toujours des attentes silencieuses de part et d’autre, de la méfiance, des frictions et des situations qui révèlent parfois un choc des cultures. Le réflexe est de voir la confrontation comme une voie possible pour régler les conflits, alors que nous aurions avantage à ce que l’affrontement cède le pas à la coopération pour le bien commun.

L’imagination

Nous sommes dans une période de transition où il faut être imaginatif et créatif pour inventer de nouvelles façons d’aborder les différends qui nous opposent. Cette approche, quand elle ne se limite pas à une vision verticale de la hiérarchie et quand elle s’inscrit dans une perspective de co-création bienveillante au sein de l’institution, peut être un gage d’avenir.

Reste à l’inventer et à l’entretenir.

L’éducation, un bien commun ?

Irina Bokova, Directrice générale de l’UNESCO, estime que

«l’éducation doit enseigner comment vivre sur une planète sous pression. Elle doit viser l’alphabétisation culturelle, sur la base du respect et d’une dignité égale pour tous, et contribuer à tisser ensemble les dimensions sociale, économique et environnementale du développement durable.»

C’est dans cette optique de développement que

«l’éducation et le savoir doivent être considérés comme des biens communs mondiaux. Cela signifie que la création des connaissances, leur contrôle, acquisition, validation et utilisation sont communs à tous les êtres humains en tant qu’effort collectif social. La gouvernance de l’éducation ne peut plus être séparée de la gouvernance du savoir.»

Voilà les principaux enjeux que pose l’UNESCO dans le document «Repenser l’éducation; vers un bien commun mondial?». Cette réflexion pose d’importantes questions sur les enjeux de l’éducation au XXIe siècle. Dans le contexte actuel, où les sociétés sont en pleine transformation, quels sont nos besoins et quelles devraient être les finalités de l’éducation? Comment celle-ci devrait-elle être organisée?

Il s’agit de notre avenir commun. Et l’avenir commence ici maintenant. Localement, dans notre cégep, comment peut-on faire valoir et protéger ce bien commun et comment peut-il être organisé? Voilà un important chantier qui mérite d’être entrepris.